Naji El Khatib
Publié le 2019-02-04
Dans les milieux de la mouvance de « One Democratic State », la question de la sécularité de la Palestine Post-sioniste pose un débat,
Voici les principales lignes divergentes :
- Démocratie constitutionnelle ou État binational
Le premier article du programme politique de la « One Democratic State Campaign parle d’un État démocratique constitutionnel, alors que les versions antérieures du même texte établissaient un lien direct entre le système démocratique constitutionnel et l’État « binational ». Dans ce nouveau texte du programme politique, le caractère binational de l’état projeté est absent mais reste néanmoins latent. Il se manifeste sous le couvert de « l’État multiculturel » .
Nous ne pouvons bien entendu qu’accepter que le principe de la protection des minorités par la Constitution, protection qui, dans certains cas, nécessite une confrontation / opposition au principe de primauté et de supériorité des législations et décisions parlementaires considérées comme légitimes parce que représentatives de la volonté « populaire ». Dans ce cas, les outils exécutifs du système constitutionnel joueront le rôle d’une autorité suprême dotée de pouvoirs étendus, supérieurs aux pouvoirs législatifs du Parlement. Par exemple, le système constitutionnel aura le droit de s’opposer à la volonté « populaire » de la majorité si la majorité a adopté des lois considérées comme injustes pour une minorité.
Dans une véritable démocratie, le système constitutionnel est un élément structurel important, mais l’article 4 du programme ODSC garantit la liberté d’organisation protégée par la Constitution pour les groupes nationaux, ethniques et religieux.
Nous ne pouvons que souligner que l’invocation de cette démocratie constitutionnelle n’a pour but que d’abandonner le principe démocratique qui est organiquement lié à l’idée séculière de citoyenneté, caractérisée par un système politique et social articulé. Il s’agit d’un « État de ses citoyens », sans distinction de sexe, de nationalité, d’ethnie ou de religion.
L’État de citoyenneté démocratique et séculier protégera les minorités en tant que communautés et individus en leur garantissant le plein droit de pratiquer leurs rites religieux sans leur permettre de créer des organisations politiques de couleur religieuse et / ou à caractère ethnique exclusif.
L’organisation sur des bases religieuses, confessionnelles et ethniques n’est possible que dans les domaines de la langue, de l’art, de la culture et de l’éducation, mais pas dans le domaine de la politique (partis politiques) car elle est contraire aux principes de l’État laïc. Les partis politiques sectaires sont des expressions qui ne peuvent prétendre à une légitimité constitutionnelle au nom des droits collectifs protégés par la Constitution. Ils sont incompatibles avec le principe de la neutralité de l’État et sa supériorité sur les affiliations ethniques, linguistiques, religieuses et nationales.
Par conséquent, nous ne pouvons pas accepter cette démocratie constitutionnelle adaptée à l’État binational, qui ne mentionne pas ouvertement son nom dans ce programme. L’État binational est de retour dans la démocratie constitutionnelle.
En réalité, seul un État séculier et démocratique est capable de protéger à la fois les individus et les minorités et de garantir pleinement leurs droits politiques, culturels et religieux, et donc leurs libertés fondamentales.
- Séparation entre État et religion
Le programme politique de l’ODSC ne mentionne pas la question des séparations entre l’État et la religion et l’institution religieuse (église, mosquée, synagogue); De même, elle favorise les mariages religieux (unions endogames, intra-communautaires) au détriment des mariages exogames de type « civil », intercommunautaire.