Naji El Khatib,
Publié le 2021-10-12
La politique de destruction du camp de réfugiés de Yarmouk est la même politique de destruction systématique que le régime syrien a suivie depuis 2011, qui vise à détruire l’environnement social de la révolution et le déplacement de ceux qui se sont rebellés contre ce régime dictatorial. Il y a aussi une autre raison économico-financière motivée par certains milieux autour du pouvoir à Damas qui s’intéressent à ces zones, notamment à Damas et ses environs. Il s’agit de détruire ces zones périphériques habitées principalement par une population pauvre, et ce pour satisfaire les intérêts de ces milieux de mafias « politiques » qui cherchent à exproprier ces zones pour la « construction » d’un commerce et projets immobiliers, surtout après que le prix de la terre est devenu très élevé autour de Damas. En plus des deux raisons mentionnées (pour détruire l’environnement social de la révolte et servir les intérêts de la mafia), il y a la partie spécifiquement palestinienne qui a ajouté à ces deux motifs :
En appliquant une politique de destruction des camps de réfugiés, les témoins vivants de la Nakba de 1948 et les lieux de la persistance des revendications du Droit de retour des réfugiés dans leurs foyers en Palestine, le régime est objectivement «uni» avec une stratégie israélienne qui vise à détruire cette question des camps. Il s’agit d’envoyer un message à Israël sur un éventuel compromis syro-israélien basé sur un intérêt commun pour l’anéantissement de la cause palestinienne, qui est une source de troubles politiques pour les deux (résistance palestinienne contre Israël et encouragement de la révolte parmi une population syrienne contre le régime).
La tentative du régime d’exploiter la cause palestinienne dans un compromis avec Israël rend le régime complice de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. Déjà à l’époque de Hafez Al-Assad, le régime syrien soutenait militairement les phalangistes libanais dans la bataille de destruction des camps de Tel Zaatar et de Dbayeh. Une bataille qui s’est terminée par un massacre massif. Par la suite, le régime syrien a soutenu le mouvement chiite Amal, qui a tenté de détruire les camps de Sabra et Chatila après le massacre des phalangistes dans les deux camps quelques mois plus tôt. Plus récemment, la formation du «Fatah al-Islam» par les services secrets syriens, qui a déclenché une bataille avec l’armée libanaise, a conduit à la destruction du camp de Nahr el-Bared dans le nord du Liban. Il est clair que cette politique du régime syrien, qui repose sur le déplacement des réfugiés palestiniens de la proximité territoriale avec la Palestine vers des pays lointains, est une politique au service de l’intérêt du régime et de l’intérêt d’Israël à mettre fin au « problème des réfugiés ». Ceci pour servir une politique israélienne refusant toute application du droit international garantissant le droit au retour des réfugiés palestiniens.